Jean Claude Katende relance le débat sur l’impunité en RDC

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L’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi au cœur des critiques.
Un échange houleux sur les réseaux sociaux a ravivé le débat sur l’impunité et la justice à deux vitesses en République démocratique du Congo. À l’origine de la polémique : une sortie médiatique du président de l’ASADHO, Jean Claude Katende, dénonçant le silence de la justice autour des affaires impliquant l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi.

Katende interpelle la justice

Dans un message publié sur X (ex-Twitter), Jean Claude Katende s’est interrogé sur l’inaction de la justice congolaise :

« M. Nicolas Kazadi est cité par des officiels dans beaucoup de dossiers où l’État a perdu beaucoup d’argent. Pourquoi la justice n’agit pas ? Cette impunité va aller jusqu’où ? », a-t-il écrit.


Cette prise de position, inhabituelle ces derniers temps de la part du militant des droits humains, a suscité une vague de réactions en ligne.

Des critiques sur le silence de la société civile

Parmi les internautes ayant réagi, Anderson M. Tshilumba a vivement critiqué Katende, accusant les ONG congolaises d’avoir perdu leur combativité depuis l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir.

« C’est un homme chanceux, père de famille et innocent. En passant, toutes les ONG de défense des droits de l’homme, qui dénonçaient tout ce qui bougeait sous Kabila, sont devenues silencieuses depuis 2019. Avec quoi le pouvoir a-t-il fermé vos bouches ? », a-t-il lancé.

Ce commentaire illustre une perception de plus en plus répandue au sein de l’opinion publique : celle d’une société civile divisée, jugée trop conciliante envers le pouvoir en place.

Justice sélective et méfiance populaire

Le débat intervient dans un climat de méfiance croissante vis-à-vis de la justice congolaise.
Beaucoup reprochent aux magistrats d’appliquer la loi de manière sélective : des poursuites rapides et spectaculaires ont visé plusieurs proches de l’ancien président Joseph Kabila, tandis que certains responsables actuels, dont Nicolas Kazadi, semblent jouir d’une protection politique.

Ancien ministre des Finances et pilier de la politique économique de Félix Tshisekedi, Nicolas Kazadi est cité dans plusieurs rapports pointant des pertes financières substantielles pour l’État. Pourtant, aucune procédure judiciaire n’a été officiellement ouverte à son encontre. Ce mutisme de la justice entretient un climat de suspicion et renforce les accusations d’impunité sélective.

Entre rappel à l’ordre et critiques

En brisant le silence sur le dossier Kazadi, Jean Claude Katende semble vouloir rappeler à la justice son devoir d’impartialité. Mais sa sortie a aussi mis en lumière une fracture au sein de la société civile congolaise.

Certains saluent son courage et y voient le retour d’une voix critique nécessaire. D’autres, au contraire, estiment que son intervention est tardive et que les ONG ont perdu de leur mordant depuis 2019, préférant désormais une approche plus institutionnelle que militante.

Un symbole des contradictions congolaises

L’affaire Nicolas Kazadi dépasse le simple cadre judiciaire. Elle cristallise les contradictions de la gouvernance congolaise :
entre volonté affichée de lutter contre la corruption et persistance d’une impunité politique tenace.

Elle pose aussi une question de fond : celle de la crédibilité de la société civile et de sa capacité à rester indépendante du pouvoir, tout en jouant pleinement son rôle de contre-pouvoir.

En définitive, le message de Jean Claude Katende résonne comme un rappel à l’ordre moral : celui d’une justice équitable, au service de tous, sans distinction politique ni calcul d’influence.


Ali Haddad 

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