Soixante-cinq ans après l’indépendance, la République démocratique du Congo se retrouve une fois encore confrontée à une justice transformée en théâtre politique. Le verdict rendu par la Haute Cour Militaire contre l’ancien président Joseph Kabila, condamné à la peine capitale et frappé de lourdes obligations financières, continue de susciter une vive controverse.
Pour beaucoup d’observateurs, ce jugement ressemble davantage à une mise en scène qu’à une décision de justice. « Sans preuves tangibles, on a choisi de condamner un homme. Ce n’est pas la rigueur du droit qui a parlé, mais la volonté du pouvoir », commente Richard Muyej, ancien gouverneur du Lualaba, dans une réaction publiée sur son compte Twitter.
Une justice instrumentalisée
Au lieu de refléter l’impartialité et la transparence attendues, la justice congolaise apparaît comme un instrument au service d’intérêts politiques. Cette dérive nourrit un sentiment de méfiance généralisée et ternit davantage l’image d’institutions déjà fragiles.
« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », écrivait Corneille dans Le Cid. Ici, estime Muyej, « c’est pire encore : on condamne sans gloire ».
Les dérives qui minent la République
Au-delà du cas Kabila, c’est l’ensemble du système qui est pointé du doigt. Corruption, mensonge, ruse et manipulation deviennent des pratiques récurrentes qui, loin de bâtir l’avenir, compromettent la stabilité du pays. Elles produisent des victoires illusoires, des façades fragiles qui finissent toujours par s’écrouler.
Un défi éthique avant tout
Pour Richard Muyej, le véritable enjeu du Congo ne réside pas uniquement dans ses institutions ou son économie, mais dans une transformation morale profonde. « L’accès aux hautes fonctions de l’État doit être conditionné par l’intégrité, la probité et le sens du bien commun », insiste-t-il.
Il appelle à une prise de conscience collective : seule une éthique partagée peut transformer une justice spectacle en une justice véritable et offrir au Congo des victoires dignes de la République.
Soixante-cinq ans après son indépendance, le Congo semble encore hésiter entre illusion et vérité. La condamnation de Joseph Kabila par la Haute Cour Militaire restera sans doute dans les annales, non comme un triomphe de la justice, mais comme le symbole d’une dérive inquiétante. Reste à savoir si cette affaire marquera un tournant vers une refondation éthique ou si elle prolongera l’ère des condamnations sans gloire.
Janvier NDUWA
%20(1)%20(2).png)