La Fédération de Basketball du Congo (FEBACO) a déclenché un véritable séisme dans le monde du sport congolais. Plusieurs basketteurs ont été suspendus et quatre entraîneurs, dont l’ancienne capitaine des Léopards dames Natacha Teba Mambengya, radiés à vie.
Leur faute ? Avoir participé, “sans autorisation”, au Festival Giants of Africa 2025 à Kigali, au Rwanda, vêtus de maillots aux couleurs de la RDC.
Officiellement, la FEBACO dit appliquer une instruction du ministère des Sports. Officieusement, tout indique un règlement de comptes déguisé en acte de patriotisme.
Des sanctions d’une sévérité inhabituelle
Selon la décision fédérale, plusieurs joueurs écopent de 12 mois de suspension, tandis que Gloire Tambwe Mwamba reçoit 24 mois, accusé de récidive et d’insubordination.
Plus grave encore : quatre encadreurs, dont Natacha Teba Mambengya, sont radiés à vie de toute activité liée au basketball national.
La FEBACO s’appuie sur une instruction ministérielle datée du 28 juillet 2025, interdisant toute participation d’athlètes congolais à des activités sportives au Rwanda.
Problème : cette date est postérieure au départ des concernés, puisque le festival s’est tenu du 26 juillet au 2 août.
Une incohérence majeure qui remet en cause la légalité même des sanctions.
Une justification politique aux relents de vengeance
D’après plusieurs sources internes, le ministre Didier Budimbu n’aurait jamais ordonné de sanction contre les athlètes ou entraîneurs concernés.
“Évoquer le ministre, c’est juste une façon de couvrir une décision arbitraire”, confie un cadre du ministère.
Pour beaucoup, la cible réelle serait Natacha Teba Mambengya, figure respectée mais critique du bureau actuel de la FEBACO.
Son soutien affiché à Kammus Nshimba, candidat malheureux lors de la dernière élection fédérale, lui aurait valu l’hostilité du comité exécutif.
Un proche du Comex, sous anonymat, lâche cette phrase révélatrice :
“Si Natacha introduit un recours, on verra. Sinon, tant pis pour elle.”
Un ton qui en dit long sur les véritables intentions de cette cabale administrative.
Des incohérences qui trahissent la mauvaise foi
La FEBACO n’en est pas à sa première contradiction.
En 2023, d’autres basketteurs congolais avaient participé au même festival sans autorisation — aucune sanction n’avait suivi.
Les organisateurs, dirigés par le Nigérian-Canadien Masai Ujiri, président des Toronto Raptors, avaient pris en charge tout le séjour, y compris les maillots et les drapeaux congolais.
“Les jeunes sont partis faute d’encadrement de leur fédération. La FEBACO ne peut pas punir ce qu’elle n’a pas su gérer”, explique une source proche du dossier.
Giants of Africa : un projet panafricain, pas politique
Fondé en 2003, Giants of Africa a pour mission d’utiliser le basketball comme outil d’émancipation de la jeunesse africaine.
L’édition 2025 de Kigali a réuni 320 jeunes venus de 20 pays, autour de valeurs de leadership, de fraternité et d’éducation.
“Le festival n’a rien de politique. Il inspire les jeunes Africains à rêver grand”, rappellent ses organisateurs.
Ironie du sort : alors que le monde célèbre cette initiative panafricaine, la FEBACO y voit une faute patriotique.
La fédération des contradictions
Difficile de ne pas relever le paradoxe : ceux qui invoquent la “légalité sportive” sont les mêmes qui violent leurs propres statuts.
Le bureau exécutif de la FEBACO aurait, à plusieurs reprises, tenu des assemblées générales hors du siège officiel, en dépit des avertissements du ministère.
Un double discours qui fragilise la crédibilité de l’institution.
Un double standard qui interroge
Et si la même logique s’appliquait ailleurs ?
La FECOFA suspendrait-elle ses joueurs si un club congolais devait affronter une équipe rwandaise en compétition africaine ?
La question, volontairement provocatrice, met en lumière l’arbitraire et la disproportion des mesures prises contre les basketteurs.
Un coup dur pour le basketball congolais
Au lieu de protéger la discipline, la FEBACO semble avoir porté un coup fatal à sa relance.
Entre querelles internes, décisions arbitraires et règlements de comptes, le basketball congolais se retrouve à nouveau pris en otage par des intérêts personnels.
Le public sportif reste indigné, tandis que le ministère des Sports est appelé à clarifier sa position dans ce dossier explosif.
En attendant, Le Tremplin promet de revenir sur une tentative d’escroquerie déjouée par Didier Budimbu, liée au festival Giants of Africa.
Ali Haddad
%20(1)%20(2).png)