Le gouvernement de la République démocratique du Congo a confirmé avoir perdu la maîtrise de deux infrastructures hydroélectriques majeures dans l’est du pays, à la suite de l’occupation de plusieurs zones par les Forces de défense du Rwanda (RDF) et les rebelles du M23, que Kinshasa accuse Kigali de soutenir.
S’exprimant devant le Sénat, le ministre des Ressources hydrauliques et Électricité, Aimé Molendo Sakombi, a déclaré que la Société nationale d’électricité (SNEL) ne peut plus opérer dans les zones passées sous contrôle des groupes armés, notamment les sites des barrages Ruzizi I et Ruzizi II.
Des infrastructures stratégiques hors d’atteinte
Les deux barrages, construits dans le cadre de la coopération régionale entre la RDC, le Burundi et le Rwanda, constituent l’un des piliers de l’approvisionnement électrique dans la région des Grands Lacs.
Ruzizi I, mis en service en 1958, dispose d’une capacité installée de 29,8 MW.
Ruzizi II, inauguré en 1989, produit 24 MW, dont 8 MW sont alloués à la RDC.
Selon le ministre, les autorités congolaises ont perdu l’accès physique et opérationnel à ces installations. La SNEL n’est plus en mesure d’assurer les opérations de maintenance ni de garantir la sécurité des infrastructures.
Personnel déplacé et coopération technique interrompue
Le ministre a indiqué que plusieurs agents de la SNEL travaillant dans ces zones ont été évacués et réaffectés dans d’autres villes de la RDC.
« Dans les zones illégalement occupées, la SNEL ne peut plus exercer ses activités », a déclaré M. Molendo Sakombi, soulignant l’ampleur du désengagement forcé.
Cette situation a également un impact direct sur la coopération régionale. La RDC ne peut plus participer aux activités techniques liées aux projets énergétiques communs de la région des Grands Lacs, ce qui risque de ralentir plusieurs initiatives d’intégration énergétique.
Une menace pour la stabilité énergétique de l’Est congolais
La perte de contrôle des barrages intervient dans un contexte de tensions accrues dans l’est de la RDC, où les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 ont entraîné une nouvelle vague de déplacements de population et une aggravation des conditions humanitaires.
Ces infrastructures étant essentielles à l’approvisionnement électrique des provinces orientales, leur indisponibilité représente un risque majeur pour la sécurité énergétique du pays. Elle pourrait également compliquer les efforts de développement industriel et économique dans une région déjà fragilisée par trois décennies de conflit.
Une crise aux implications régionales
La crise actuelle met en lumière la vulnérabilité des infrastructures transfrontalières dans une zone marquée par des rivalités politiques et sécuritaires persistantes.
Alors que Kigali continue de nier tout soutien au M23, Kinshasa affirme que la présence active des RDF sur son territoire constitue une violation grave de sa souveraineté.
Des médiations diplomatiques sont en cours, mais aucune solution durable ne semble pour l’instant en vue.
Ali Haddad
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