RDC : " Vingt ans après la Constitution de 2006, la promesse trahie mais l’espérance intacte". Tribune d'Olivier Kamitatu

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Il y a vingt ans, le peuple congolais répondait présent à l’appel de l’Histoire. Par un « oui » massif — 84,3 % des suffrages exprimés — il choisissait de rompre avec la dictature, la violence et l’arbitraire. La Constitution promulguée le 18 février 2006 n’était pas un simple texte juridique : elle incarnait la promesse d’un Congo nouveau, fondé sur l’État de droit, les libertés fondamentales et l’alternance démocratique.

Cette promesse a été gravement trahie.

Vingt ans plus tard, la République démocratique du Congo replonge dans les tourments que cette Constitution devait conjurer. La guerre ravage de nouveau l’Est, l’autorité de l’État s’effrite, et l’armée, affaiblie, a recours à des mercenaires — aveu d’impuissance indigne d’une nation souveraine. Les ressources minières, richesse collective, sont bradées dans des accords opaques qui engagent l’avenir du pays sans débat ni consentement populaire.

La démocratie est vidée de sa substance par des scrutins frauduleux. La corruption gangrène l’État tandis que près de 85 % des Congolais demeurent prisonniers de la misère. La justice, instrumentalisée, ne protège plus les faibles mais sert les puissants. Les libertés publiques sont quotidiennement piétinées : opposants arrêtés, poursuivis ou contraints à l’exil, partis politiques menacés, résurgence inquiétante des milices et du spectre du parti unique.

Le franchissement du seuil ultime est désormais assumé. La levée du moratoire sur la peine de mort et la condamnation capitale d’opposants signent un retour brutal aux heures les plus sombres de notre histoire politique. À cette dérive autoritaire s’ajoute une remise en cause dangereuse de la souveraineté nationale, minée par des arrangements obscurs, le tribalisme et l’exclusion.

L’édifice institutionnel existe encore, mais son esprit a été vidé de sa substance. La Constitution demeure, mais elle est piétinée par ceux qui devraient en être les gardiens.

Et pourtant, l’espérance n’est pas morte.

Elle vit dans la mémoire de décembre 2005, lorsque le peuple congolais fit le choix courageux de la liberté. Elle survit dans le combat de celles et ceux qui ont payé de leur liberté, parfois de leur vie, pour que le Congo accède à la modernité politique. Elle anime ces millions de Congolais qui refusent la résignation et l’oubli.

La promesse constitutionnelle n’est pas annulée parce qu’elle a été trahie. Elle demeure une dette envers les générations futures. Le chemin sera long, semé d’obstacles, mais l’exigence reste entière : restaurer l’État de droit, réhabiliter la souveraineté populaire et rendre au peuple congolais la République qu’il mérite.

Cette espérance attend aujourd’hui un sursaut. Elle appelle des femmes et des hommes de conviction, et surtout une jeunesse congolaise consciente de son rôle historique, à se lever pour transformer la résistance morale en action politique.

L’Histoire observe. Le peuple attend.

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