RDC | Condamnation de Kabila : la classe politique dénonce un procès « politique et bâclé »

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La condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila par la Haute Cour militaire continue de susciter une vague de réactions indignées au sein de la classe politique congolaise et de ses proches collaborateurs. Tous dénoncent une décision politique, prise sans fondements juridiques solides, qui risque de fragiliser davantage la cohésion nationale.

Néhémie Mwilanya : « Une décision clairement politique»

Pour l’ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila, Néhémie Mwilanya, le verdict ne repose sur aucun élément probant :
« Aucune preuve liant Joseph Kabila aux crimes évoqués n’a été apportée, si ce n’est une déposition d’un ministre, un témoignage rétracté et une visite de paix à Goma. Il s’agit clairement d’une décision politique, visant en vain à écarter de la scène un acteur majeur, perçu comme un obstacle au projet de modification de la Constitution

Patient Sayiba : «Une forfaiture de plus»

L’ancien directeur général de l’OGEFREM et proche collaborateur de Kabila, Patient Sayiba Tambwe, a publié une photo de l’ex-chef de l’État, dénonçant une nouvelle manipulation :
« Une forfaiture de plus et sans surprise ! Le peuple congolais en prend acte et prend dès lors le monde entier à témoin. »

Francine Muyumba : « Le Congo n’a pas besoin de procès-spectacle»

De son côté, la sénatrice Francine Muyumba a mis en garde contre les risques de division nationale :
« Le Congo n’a pas besoin de procès-spectacle mais de réconciliation, de paix et de stabilité. La condamnation de l’ancien Président Joseph Kabila est une dérive qui fragilise davantage notre pays et divise au lieu de réconcilier. La paix et la stabilité ne se construisent pas dans la haine ni dans les procès politiques. »

Kikaya Bin Karubi : «Un procès bâclé et sans preuves»

L’ancien conseiller diplomatique de Kabila, Kikaya Bin Karubi, dénonce quant à lui un dossier vide :
« Plus de trois heures d’audience pour ne rapporter que des rumeurs issues des réseaux sociaux et de la rue de Kinshasa. Aucune preuve tangible ne lie Joseph Kabila Kabange à la coalition armée AFC-M23. »

Il estime que l’ancien président devrait plutôt être salué pour avoir « récupéré un Congo morcelé en 2001 », « reconstruit l’architecture étatique », organisé « trois cycles électoraux » et assuré une «alternance pacifique ».
Kikaya pointe également une contradiction :
« On condamne Joseph Kabila Kabange à mort pour être soi-disant le chef de l’AFC-M23, alors même que le gouvernement négocie avec ce mouvement à Doha.»

Ramazani Shadary : « Une vaste blague »

Enfin, l’ancien candidat présidentiel du Front Commun pour le Congo (FCC), Emmanuel Ramazani Shadary, parle d’une mascarade :
« C’est une vaste blague. Dès le début, nous savions qu’il s’agissait d’une décision politique inique, d’un procès bidon, monté par un régime dictatorial. Aucun élément nouveau n’a été présenté. La volonté manifeste de la dictature en place est d’éliminer un acteur politique majeur devenu incontournable face à la situation chaotique du pays

Un climat politique tendu

Ces réactions illustrent l’ampleur de la fracture politique que provoque cette décision inédite de la Haute Cour militaire. Tandis que le pouvoir met en avant la lutte contre l’impunité et la responsabilité des dirigeants, les partisans de l’ancien chef de l’État dénoncent une instrumentalisation de la justice à des fins d’élimination politique.

Dans un contexte déjà marqué par les tensions sécuritaires et les débats autour d’une éventuelle révision constitutionnelle, ce verdict risque de renforcer la polarisation et d’attiser de nouvelles incertitudes pour l’avenir politique de la République démocratique du Congo.

Ali Haddad 
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