Affaire Roger Lumbala : Félix Tshisekedi face au test de la cohérence

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La requête introduite par Roger Lumbala, visant à faire comparaître Jean-Pierre Bemba et Constant Ndima comme témoins dans son procès, place le président Félix-Antoine Tshisekedi devant une exigence majeure de cohérence politique et morale.

Cette démarche intervient alors que le gouvernement congolais mène une campagne internationale pour la reconnaissance officielle du Génocost, concept qui désigne les crimes et massacres perpétrés contre les Congolais lors des différentes guerres d’agression.

Une requête à forte portée politique

Inculpé pour crimes contre l’humanité et participation à un mouvement insurrectionnel, Roger Lumbala estime que Jean-Pierre Bemba, aujourd’hui vice-Premier ministre et ministre de la Défense nationale, ainsi que le général Constant Ndima, actuel gouverneur militaire du Nord-Kivu, disposent d’informations cruciales pour la manifestation de la vérité.

Il faut rappeler que les faits reprochés à Lumbala auraient été commis dans des territoires alors placés sous le contrôle du Mouvement de Libération du Congo (MLC), formation politico-militaire dirigée à l’époque par Jean-Pierre Bemba. Ce contexte confère à la requête une portée éminemment politique, touchant à des épisodes sensibles de l’histoire récente du Congo.

Entre justice et politique

L’affaire intervient dans un climat où les questions de justice et de responsabilité historique sont au cœur du discours officiel. Félix Tshisekedi s’est en effet engagé à rompre avec l’impunité et à promouvoir la justice transitionnelle, notamment à travers la reconnaissance du Génocost.

Or, la demande de comparution de deux figures clés du pouvoir actuel met à l’épreuve cet engagement. Laisser la justice suivre son cours sans interférence renforcerait la crédibilité du Chef de l’État. À l’inverse, toute tentative d’entrave serait perçue comme un recul, voire une contradiction entre le discours et la pratique.

Une épreuve de crédibilité

Pour l’homme politique Seth Kikuni, cette affaire dépasse la seule dimension judiciaire.

« Ce procès et cette demande constituent un test de cohérence grandeur nature pour Félix Tshisekedi. Sa crédibilité, intérieure comme internationale, est en jeu », a-t-il déclaré.


Alors que Kinshasa cherche à convaincre la communauté internationale de la légitimité de sa démarche autour du Génocost, ce dossier pourrait devenir un révélateur du véritable rapport du pouvoir congolais à la vérité et à la justice.

Entre impératifs politiques et exigence de transparence, le président Tshisekedi joue ici une partie décisive de sa crédibilité — celle d’un dirigeant qui prône la justice, mais que l’histoire place désormais face à sa propre promesse.

Ali Haddad 


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