Une vive confusion règne ce dimanche matin au Bénin après l’apparition surprise d’un groupe de militaires sur la télévision nationale, affirmant avoir renversé le président Patrice Talon. Des tirs nourris ont été entendus dans plusieurs quartiers de Cotonou, notamment aux abords du palais présidentiel.
Un groupe mené par le lieutenant-colonel Pascal Tigri revendique le pouvoir
Peu après 8 heures, un groupe de soldats se présentant comme le Comité militaire pour la refondation (CMR) est apparu à l’écran de la télévision publique. À leur tête : le lieutenant-colonel Pascal Tigri, jusque-là peu connu du grand public.
Dans un communiqué lu par l’un des officiers, le groupe annonce :
la destitution du président Patrice Talon, la dissolution de toutes les institutions, la suspension de la Constitution, la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes et la mise en place d’un organe militaire de transition.
Le message a été diffusé durant quelques minutes avant que le signal de la chaîne ne soit soudainement coupé, plongeant la population dans un climat d’incertitude.
Tirs et mouvements militaires autour du palais de la Marina
Selon plusieurs témoins, des tirs d’armes légères et lourdes ont été entendus aux alentours du palais de la Marina, résidence officielle du chef de l’État. Des unités de l’armée régulière seraient déployées dans la zone, tandis que des véhicules blindés ont été aperçus circulant entre le centre-ville et la zone portuaire.
Les routes menant aux principaux bâtiments administratifs auraient été temporairement bloquées par des éléments en uniforme.
La présidence parle d’une tentative avortée
Du côté du camp présidentiel, des sources proches du pouvoir évoquent une tentative isolée de coup d’État, qui serait en cours de neutralisation par les forces loyales à Patrice Talon. Aucun communiqué officiel n’a cependant été publié dans l’immédiat, et l’état exact du président demeure inconnu.
Des officiels affirment toutefois que « la situation est sous contrôle », tout en appelant la population au calme.
Une situation extrêmement floue
La coupure du signal de la télévision nationale, les tirs entendus dans la capitale et l’absence de communication officielle alimentent un climat de confusion. Les Béninois, massivement connectés sur les réseaux sociaux ce dimanche matin, multiplient les questions sur la réalité du rapport de force au sein de l’armée.
Aucun mouvement civil massif n’a pour l’instant été observé, mais plusieurs habitants préfèrent rester chez eux en attendant d’y voir plus clair.
Une crise qui intervient dans un contexte régional sensible
Ce développement intervient alors que l’Afrique de l’Ouest fait face depuis plusieurs années à une recrudescence de putschs militaires ou tentatives de coups d’État, de la Guinée au Niger, en passant par le Mali et le Burkina Faso. Le Bénin, jusque-là épargné, est désormais au centre de toutes les attentions.
Les organisations régionales, dont la CEDEAO, ainsi que plusieurs chancelleries étrangères, devraient réagir dans les prochaines heures.
Et maintenant ?
La situation reste en évolution rapide. Les prochains communiqués de l’armée, de la présidence ou des institutions régionales seront déterminants pour comprendre si le Bénin fait face à un coup d’État réussi, à une tentative avortée, ou à une crise prolongée au sommet de l’État.
Ali Haddad
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